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Huguette Bello a participé à la conférence ministérielle des Régions Ultrapériphériques

Europe
21 janvier 2022

La Présidente de Région, Huguette Bello, a participé en visioconférence
ce mercredi 19 janvier 2022 à la conférence ministérielle des Régions Ultrapériphériques.

Dans le cadre de l’actualisation du partenariat stratégique de la Commission européenne avec les RUP, la France, l’Espagne et le Portugal et les Régions Ultrapériphériques y ont présenté une position commune. Une ligne directrice claire : obtenir une nouvelle stratégie tenant pleinement compte de l’impact de la pandémie sur leur territoire et des nouvelles priorités de l’Union européenne notamment en matière de relance économique, de transitions écologique et numérique.

Le document conjoint remis à Madame Elisa Ferreira, Commissaire européenne en charge de la politique régionale, formule ainsi des recommandations pour la prise en compte des spécificités des Régions Ultrapériphériques et présente des propositions concrètes visant à permettre à l’Union européenne de mieux tenir compte de leurs problématiques.

Il demande en premier lieu à l’Europe de considérer que la permanence et la combinaison des contraintes subies par les RUP justifient des mesures adaptées au titre des politiques communes, qu’il s’agisse de cohésion économique et sociale, d’agriculture, de pêche, des aides d’État, de fiscalité et de politique douanière, d’environnement, d’énergie, de recherche et d’innovation, de transports, de numérique, de culture et de coopération régionale.
Il insiste ensuite sur l’importance de la crise sanitaire et ses conséquences économiques qui ont mis en évidence la dépendance des RUP vis-à-vis de l’extérieur et sur la nécessité d’augmenter leur degré d’autosuffisance et de résilience dans tous les secteurs, notamment dans les domaines agricole, énergétique, de santé et d’économie circulaire.

À la faveur des débats et des échanges, la Présidente de Région, Huguette Bello, a tout particulièrement insisté sur la nécessité de mobiliser davantage l’article 349 du Traité et de garantir son caractère transversal, afin de traduire au mieux la volonté de l’Union européenne de mettre en œuvre des politiques cohérentes et adaptées au bénéfice des Régions Ultrapériphériques. « C’est lorsque l’Union européenne consent à utiliser le plus en amont de sa législation la référence à l’article 349 du Traité que les RUP parviennent à obtenir des résultats concrets et bénéfiques, c’est
lorsqu’elle sait se fixer des objectifs clairs et se donner les moyens de les
atteindre, qu’elle est pleinement crédible...
 »

La présidente Huguette Bello a par ailleurs indiqué que cette nouvelle stratégie qui ambitionne de porter des perspectives d’évolutions majeures en matière de relance et de développement économique des RUP ne saurait se faire sans que la dimension sociale ne soit pleinement prise en compte. Elle a ainsi plaidé pour que les questions centrales de l’éducation, de la formation et de l’emploi soient davantage inscrites au cœur des politiques de l’UE et pour le nécessaire renforcement de la dimension humaine de l’Europe, tout particulièrement à l’occasion de l’année européenne de la jeunesse. « Lorsque les volontés politiques sont convergentes, on peut légitimement s’attendre à ce que les réponses le soient aussi. C’est d’autant plus important en cette
année européenne de la jeunesse. Nos jeunes ont souvent souffert du
décalage entre les paroles et les actes. Vous comprendrez donc que j’attache la plus grande importance et la plus grande attention à ce que l’Union
européenne présente dans les prochains mois un ensemble de mesures
destinées à offrir à la jeunesse des RUP des opportunités concrètes...
 »

Le moment est important. La signature de ce document commun aux trois États membres et aux neuf RUP intervient dans les tout premiers jours de la Présidence française du Conseil de l’UE et marque une étape décisive dans le processus d’élaboration de la prochaine stratégie européenne en faveur des RUP que la Commission adoptera d’ici la fin de ce premier semestre 2022. La Présidente Huguette Bello veillera à ce soit entendue et respectée la voix de La Réunion et des Réunionnais.

Discours de la Présidente de Région, Huguette BELLO
Mercredi 19 janvier 2022

Messieurs les Ministres,
Madame la Secrétaire Générale de l’UE,
Madame la Commissaire européenne,
Messieurs les Parlementaires européens,
Messieurs les représentants du Comité des régions et du Comité économique et social européen,

Chers collègues, Messieurs les Présidents, Madame la Vice-présidente,

Je tiens à saluer les représentants des États et exprimer notre reconnaissance pour la parfaite coordination dans la définition des positions française, portugaise et espagnole. C’est évidemment une force considérable et un formidable gage d’efficacité vis-à-vis des institutions européennes.

Ce document est aussi l’aboutissement d’une large concertation au sein même de la Conférence des Présidents des RUP, concertation qui, il y a quelques semaines, a donné lieu à une position commune inscrite dans la déclaration finale des Açores.

Ces derniers mois ont démontré combien collectivement, nous sommes capables, par-delà nos différences, de nous rassembler sur l’essentiel : Il y a là le signe d’une implication et d’un engagement qui va dans le bon sens : États, Régions, bien sûr mais aussi Parlement européen, comité des Régions, Comité économique et social et évidemment Commission européenne : tout cela montre bien, Madame la Commissaire, qu’il y a une volonté commune et partagée de faire en sorte que cette nouvelle étape s’écrive ensemble.

Mesdames et Messieurs,

Notre contribution commune permet aujourd’hui de fixer des perspectives autres que les visions étroitement continentales des politiques européennes. La position commune que nous adoptons aujourd’hui, identifie les défis pour mieux fixer nos objectifs et les champs d’intervention dans lesquels l’Europe devra davantage s’investir.

Faire en sorte que l’Union européenne s’ouvre pleinement à la réalité de notre éloignement avec le continent ; faire en sorte qu’elle soit aussi plus sensible à celle de notre proximité avec les pays-tiers, il n’y a pas d’autre façon concrète, selon moi, pour s’inscrire dans l’orientation fixée par notre dernière déclaration finale, déclaration dont je vous rappelle la formulation essentielle : « La nouvelle stratégie de la Commission européenne à l’égard des RUP doit évoluer pour répondre aux grands défis à la fois sociaux, économiques et environnementaux auxquels sont confrontés les RUP ».

Nous connaissons très bien les conditions de cet objectif : : un recours systématique à l’article 349 du Traité. Cette condition ne doit jamais être perdue de vue. Elle est indissociable d’une prise en compte accrue des problématiques liées à la double appartenance géopolitique des RUP.

Nous plaidons, vous l’avez compris Madame la Commissaire, pour que, dans la nouvelle stratégie européenne, les RUP soient encore davantage reconnues comme ces territoires qui relient l’Europe « à tous les points de la terre », des territoires qui ouvrent sur des réseaux d’échanges et de solidarités avec les espaces les plus éloignés du continent.

Nos territoires représentent un atout considérable pour toute l’Union Européenne, en lui conférant une dimension plané-taire.

A l’heure où l’Europe place dans son agenda le partenariat « UE-Afrique » au rang de ses priorités politiques, il importe de tenir compte de ces RUP qui occupent un positionnement stratégique et apportent une valeur ajoutée certaine en termes de connectivité et de coopérations à valoriser en tant que frontières actives, dans des zones régionales à enjeux climatiques et démographiques considérables.

C’est lorsque l’Union européenne consent à utiliser le plus en amont de sa législation la référence à l’article 349 que les RUP parviennent à obtenir des résultats concrets et bénéfiques, comme ceux qui figurent dans la politique de cohésion, ou encore dans les politiques fiscales et douanières. Et c’est aussi là, bien sûr, que l’Europe convainc le plus.

C’est lorsqu’elle sait se fixer des objectifs clairs et se donner les moyens de les atteindre qu’elle est pleinement crédible. Nous pensons au POSEI, aux allocations surcoûts, ou encore et dans un autre registre, les appels à projets ciblés pour les RUP.

Mais cette approche demande à être encore renforcée et cette démarche poursuivie, notamment dans le cadre des prochains actes législatifs européens. Certains d’entre eux peuvent paraître arides ou abstraits comme le paquet « Ajustement à l’objectif 55 ». Mais ils recouvrent des enjeux fonda-mentaux qui sont, eux, très concrets et qui concernent directement nos 9 régions.

Pour améliorer notre accessibilité, il nous faut des connexions aériennes et maritimes régulières et stables : la crise sanitaire a permis de mettre en lumière le rôle prépondérant du grand port maritime de La Réunion permettant aux navires de tous horizons de procéder, en toute sécurité, aux changements d’équipage. C’est grâce à la performance de nos infrastructures portuaires et aéroportuaires, à leur positionnement idéal dans l’océan Indien que l’Europe doit mieux tirer parti de ces atouts exceptionnels. Et pour cela, l’article 349 doit être appliqué de manière audacieuse, avec davantage d’imagination et surtout d’ambition.

Les décisions qui seront prises conditionneront pour une large part l’avenir de notre connectivité, l’avenir de notre agriculture, l’avenir de notre économie touristique.

C’est la raison pour laquelle l’article 349 devra y figurer en toute première place, non pas pour défendre l’exception comme certains le pensent trop rapidement mais bien plutôt pour défendre la diversité. Diversité des situations, diversité des atouts aussi.

Mais la seule référence à l’article 349 du Traité ne suffit pas. Encore faut-il une application cohérente et équilibrée. Les négociations commerciales actuellement en cours avec les pays de l’Afrique australe et orientale en témoignent : bien que les directives de négociation mentionnent l’article 349, La Réunion reste à l’écart des discussions alors même qu’elle subira les conséquences de cet accord.

Mesdames et Messieurs,

Sachons donc nous retrouver sur l’essentiel. Soyons imaginatifs et ouverts, au-delà des pesanteurs et des fausses peurs.

Les articles 349 et 355 ne sont finalement que ces parties du Traité où s’opère, pour notre territoire, l’articulation entre plusieurs logiques, continentale et européenne d’un côté, in-dia-océaniques de l’autre.

Et c’est bien dans cet esprit que la spécificité de notre économie maritime et de notre pêche devra encore être davantage reconnue aussi bien dans le cadre des accords de pêche que celui des aides au renouvellement de nos navires. Les RUP sont particulièrement bien placées pour tirer profit des perspectives ouvertes par l’économie bleue durable, dans laquelle nous avons des opportunités et des intérêts évidents. Pour La Réunion, nous misons sur le renforcement des compétences maritimes et investissons dans la construction d’un nouveau lycée des métiers de la mer. Nous souhaitons également le lancement d’une compagnie régionale maritime pour offrir une alternative fiable au transport de marchandises, notre desserte restant trop tributaire des fluctuations des courants mondiaux et des effets négatifs de la globalisation des échanges entre l’Asie et l’Europe.

Nous attendons encore des réponses claires sur la place concrète de La Réunion dans la toute nouvelle stratégie européenne de l’indopacifique et sur l’élaboration d’une stratégie européenne de bassin maritime pour l’océan Indien prenant pleinement en compte la position stratégique des RUP. Ces incohérences nous privent d’actions si fondamentales pour le développement d’une économie bleue durable.

Dans un autre registre, j’attache une importance aux questions de sécurité alimentaire, de valorisation de la production locale et de transition énergétique : elles reposent toutes sur l’utilisation de nos propres ressources. L’autosuffisance est une voie exigeante, mais à l’expérience, c’est aussi la plus responsable et la plus durable. Elle nous confère la maîtrise de notre développement. Ce sont des enjeux qui se sont révélés prioritaires dans le contexte de la crise sanitaire et qui doivent à l’avenir être mieux pris en compte par la nouvelle stratégie.

La Réunion doit pouvoir mieux s’insérer dans son environne-ment géo-économique et nous devons faire beaucoup mieux avec le tout prochain programme INTERREG « Océan Indien ». Nous démarrons 2022 et la question de l’articulation des financements des projets de coopération de part et d’autre de la frontière européenne avec les pays partenaires bénéficiaires des fonds de la politique de développement, reste centrale.

Au-delà des financements, nous avons une longue tradition de coopération avec nos voisins, notamment sur des sujets d’actualité comme la surveillance épidémiologique et la recherche sur la santé en milieu tropical. C’est précisément ce type d’expérience réussie que l’Europe doit mieux valoriser.

En conclusion, vous me permettrez un message de confiance et d’optimisme adressé à la fois à Présidence française du Conseil de l’Union européenne et à la présidence martiniquaise de la Conférence : notre contribution commune montre une fois encore les liens de solidarité particulière-ment forts entre nos territoires et notre volonté commune de faire reconnaître pleinement notre diversité, à mieux la faire connaître aussi à l’ensemble des européens.

C’est évidemment un des enjeux essentiels de cette double présidence.

Lorsque les volontés politiques sont convergentes, on peut légitimement s’attendre à ce que les réponses le soient aussi. C’est d’autant plus important en cette année européenne de la jeunesse. Nos jeunes ont souvent souffert du décalage entre les paroles et les actes. Vous comprendrez donc que nous attachons la plus grande importance et la plus grande attention à ce que l’Europe présente dans les prochains mois un ensemble de mesures destinées à offrir à la jeunesse des RUP des opportunités concrètes.

Permettez-moi de conclure en rappelant que la finalité même de la construction européenne, c’est d’abord la défense et la promotion d’un modèle social et je souhaite, Madame la Commissaire, que la prochaine stratégie en faveur des RUP soit profondément marquée par cette dimension sociale. Une ambition qui devra porter sur les questions centrales de l’éducation, de la formation et de l’emploi et sur le nécessaire renforcement de la dimension humaine des politiques européennes en faveur des RUP.

C’est à cette condition que l’Europe pourra à nouveau parler au cœur de nos concitoyens, et à celui de nos jeunes tout particulièrement.

Je termine sur cette note optimiste, en vous souhaitant évidemment le meilleur pour cette année 2022.

Je vous remercie.








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